Le 14 avril 2020, il y a donc un peu d’un an, ici-même, Vé écrivait au passé son expérience de gilet jaune. Comme si nous avions été le cri d’orgueil d’un peuple qui refusait de disparaître dans le grand tout techno-totalitaire, désormais étouffé. Comme si le fameux Nouvel Ordre Mondial néo-maoïste que l’oligarchie mondiale – via la voix des Klaus Schwab ou Bill Gates – nous promettait, avait gagné une bataille locale en France (ou ce qu’il en reste) en nous faisant taire. Comme si nous avions été, entre novembre 2018 et mars 2019, le dernier sursaut d’honneur des gens de la France réelle, la France des travailleurs non-manipulés par l’opium des syndicats, la France des gens éduqués mais non soumis à une oligarchie mortifère et non-dupes des media bancaires et oligarchiques, mais vaincus par la machine de propagande, les mesures dilatoires du gouvernement, la violence policière et l’arbitraire préfectoral. Moi-même j’écrivais une semaine avant elle, que nous allions laisser nos gilets jaunes au placard, comme une relique historique d’une lutte à laquelle nous ne regrettons pas d’avoir répondu présents, ne serait-ce parce qu’il fallait se lever contre la tyrannie bancaire repeinte en vert, contre l’esclavage pour dettes, contre l’odieuse Europe de Bruxelles, que nous en gardions l’esprit mais que le bout de tissu fluorescent ne serait ressorti que pour le montrer aux plus jeunes, un jour, quand serait venu notre tour de radoter nos hauts faits de jadis. Même vains : les pires défaites sont les batailles qu’on n’ose même pas mener.
Puis il y a eu le grand enfermement du Covid-19, entre mars 2020 et aujourd’hui (enfin, jusqu’à quand le répit ?), cette folie collective qui aura fait réfléchir plus d’un endormi, ceux-là même qui nous regardaient quelques mois plus tôt comme si nous étions des adolescents attardés qui avions lus trop de science-fiction et de théories du complot.
Nous avons ressorti provisoirement nos gilets jaunes, le temps d’une manifestation festive organisée par le parti des Patriotes de Florian Philippot, le 24 avril 2021, avec une présence remarquée de membres de Réaction19. Sans être dupes, sans croire encore à cette démocratie de façade dans laquelle même le dissident Philippot et tous les autres opposants, y compris François Ruffin ou nos deux députés Colmariens (tout bien intentionnés soient-ils), ne sont autre chose que des « idiots utiles » du système laissant croire par leur action que tout cela a encore un sens (ce qui est naïf ou fourbe), nous avons pris plaisir à nous retrouver. A se parler. « Danser encore », comme le dit la chanson de HK, cet hymne pacifique qui devra un jour laisser place à des chants de guerre. Toujours vivants et pas menés en bateau par la propagande officielle, matraquée, à répéter comme des ânes stakhanovistes les imbécilités de rigueur et en vigueur dans l’Absurdistan oligarchique sous directorat macronien. Mais à manifester sans masques, sous l’œil tranquille de la police, preuve que tout ceci est encadré et que syndicats et partis ne sont que des acteurs de la sous-matrice, de l’opposition contrôlée, soupapes de respiration que le pouvoir donne aux gens comme un os à ronger pour éviter la grande explosion. Pensez : un rassemblement statique en plein cœur de la ville historique, le Colmar partagé par les touristes et les propriétaires qui leur vendent de la beauté architecturale héritée du passé et de la bouffe, quand les autochtones sont remisés à la périphérie, ces ronds-points au milieu des ZAC glauques où ils sont tolérés temps que la machine a encore un peu besoin d’eux. Un Marxiste conséquent traiterait tout cela de « social-traitrise », toute cette farce pseudo-démocratique, au même titre que nous traitions de collabo’ toute personne qui aide le rat à rendre sa cage supportable au lieu de tirer sur l’intolérable pour que ça craque un bon coup et que le vent de la révolte devienne enfin tempête. Dupes de rien, nous avons bu ce petit filet d’eau accordé par le geôlier et qui vous maintient un peu en vie sociale, le temps d’une parenthèse de respiration.
Mais enfin nous sommes encore debout, et notre gilet n’a pas perdu de sa superbe populaire. Les événements nous auront donné raison et les épreuves n’auront pas eu raison de notre détermination. Nous refusons toujours de nous laisser abattre, museler, surtaxer, pucer, endetter, omnicontrôler à la Chinoise, comme si le peuple entier n’était qu’une vaste et vulgaire « classe dangereuse » que l’antiélite derrière ses écrans pouvait gérer en attendant de s’en débarrasser. Nous n’attendons plus rien de cette république putride, que la bourgeoisie décadente rêve de liquider elle aussi, tant elle se lasse de jouer la comédie de l’état de droits et voudrait enfin passer à la vérité du coup d’Etat de 1789… la Terreur et l’état policier, pour ne pas dire “fasciste” tant le fascisme italien avait une superbe que les pourceaux de la techno n’ont pas. Dispersés, isolés socialement, censurés à grande échelle par des grands media qui ont resserré l’étau de leur capacité à virtualiser le réel, depuis les grandes purges de la fin 2020 à l’occasion de la fraude électorale aux EUA au profit de Joe Bidon et pour faire respecter le narratif non-sanitaire de la pensée unique en faveur des expérimentations géniques) nous résistons toujours.
Et même, vers Reims, un de ces fous de la campagne (imaginez, un gueux, un sale, un Français !), qui plus est royaliste et membre des gilets jaunes constituants a lancé une bouteille à la mer.
Que nous avons réceptionné et à laquelle nous répondrons. En gilets jaunes. Fièrement. Ensemble. Brouillons et bruyants. Fous et forts. Et s’ils ne nous donnent plus aucune eau à boire, on boira la mer et nous servirons de la bouteille pour d’autres batailles. Tout est perdu, sauf l’honneur. Tout est préservé, donc, et sous nos gilets le cœur de la France bat encore. Nous irons donc en Champagne puisque le Parti Unique nous autorise à quitter nos dix kilomètres. Qe les ingénieurs sociaux, ceux qui rêvent de transformer le pays en grande prison ou grand Panopticon benthamien, les tarés de la raison déraisonnante, les déglingués du flashball, les camés de la caméra et les procéduriers mesquins qui pratiquent le harcèlement administratif, se le tiennent pour dit : nous n’avons pas fini de mettre le gilet jaune.
Après tout, il est de la même couleur que le lys de notre drapeau, la fleur d’espoir que nous irons semer…
Photo d’entête : détail de “Scouts Remembrance Day 2016: Fleur de Lys” par Dark Dwarf