Dès la fin juillet, le Pôle Média-Culture Edmond Gerrer (PMC) appliquait avec un zèle pavlovien les lois iniques – et encore non votées – du gouvernement oligarchique section France, en soumettant l’entrée de leurs bâtiments publics, au passeport totalitaire annoncé par le Gau Macron. Il était cependant possible pour les non-détenteurs de l’Ausweis de commander leurs documents en ligne et de les récupérer aux bibliothèques annexes Bel’Flore ou Europe.

Lors de notre passage impromptu dans le hall du PMC, le samedi 31 juillet, les deux chargés du contrôle étaient incapables de nous répondre quant à une prochaine mise en place d’un système de retrait pour les parias, prétextant un manque d’effectif dû aux vacances et un souci d’organisation. Ils nous renvoyaient donc, oscillant entre la peur (mince, les usagers osent poser des questions !) et la gêne, vers les bibliothèques secondaires. En attendant la mise en place éventuelle d’un système inclusif à la rentrée.

Or, depuis le 10 août, toujours aussi zélés d’appliquer les ordres aussi iniques soient-ils, même Bel’Flore ou Europe sont interdits aux êtres libres non-alignés sur les diktats de l’oligarchie. Ceci a été signifié par courriel aux usagers1, ainsi que par un laconique message sur la page d’accueil du site Internet :

Le lien mène ensuite à un pdf d’une page commençant par

Pass sanitaire obligatoire – décret n° 2021-1059 du 7 août 2021 :
Conformément aux décisions gouvernementales concernant les mesures sanitaires dans les lieux
culturels, la présentation d’un pass sanitaire est obligatoire, à partir de 18 ans, pour accéder à toutes les bibliothèques de la Ville de Colmar : PMC – Europe – Bel’Flore
Vous devrez donc présenter, lors de votre venue dans les bibliothèques, un QR Code :
• Téléchargé dans votre application TousAntiCovid ;
• Ou sous une forme imprimée

https://bibliotheque.colmar.fr/vendors/richfilemanager/connectors/php/filemanager.php?mode=readfile&path=%2FCOVID_-_infos%2FPoin_dinformation_pass_sanitaire_aout_reseau.pdf&time=1628602060794

Evidemment, le fonctionnaire rêvant d’échapper à toute responsabilité et se cachant derrière la machine qu’il sert et qu’il espère toujours voir lui servir de couverture en cas d’ennui2, tout cela commence par un « ce n’est pas de notre faute » implicite et le rappel du décret. Soit, on n’attend pas d’un fonctionnaire qu’il soit noble et courageux, les concours, ce filtre à gens dociles, est bien là pour se prémunir de ce risque, mais enfin dans le petit monde feutré et délicat de la cultuuuuure3, on attend tout de même que le fonctionnaire s’intéresse un peu à ce qu’il prête.

La culture, vous savez ce ramassis géant de gens qui vivent sur le dos de la bête4, la bouche pleine de phrases et de formules, les champions de la pose et de la posture5, les grévistes enthousiastes toujours là pour défendre la qualité du service public6, les ânonneurs de pédagogie niaise et facile7 sur la nécessité de rester vigilants et éveillés face au retour du fascisme et du nazisme et qui se trouvent tout d’un coup bien moins empressés de faire montre de leur sens morale quand le commandeur vient frapper à leur porte8, n’ont donc pas trouvé nécessaire de refuser ces ordres.

La docilité et la ségrégation, c’est gentil et chouette !

Au contraire, on rajoute des visuels staliniens de néo-nazisme9 sympa aux documents.

On aurait attendu de la part de ces Colmariens soi-disant attachés à certaines valeurs et qui ont un rôle éducatif, un refus d’appliquer les décrets (désobéissance civile), une grève illimitée ou une série de retraits ou arrêts maladie qui empêcheraient ces mesures honteuses d’être prises. Mais non, même dans l’élite de la nation des Lumières, on est aussi lâches que de vulgaires commerçants ou bars qui appliquent en bon larbins les directives du Pouvoir, quelles qu’elles soient.

On aurait attendu qu’ils sauvent leur honneur et leur dignité en refusant de toutes les manières de tenir à la porte de leur établissement des adultes et enfants qui ne veulent que se rendre pour choisir des documents, lire des périodiques et s’ouvrir au monde et à l’Histoire. Faillite morale à tous les étages dans ce pays…

Enfin, afin d’être constructifs et si jamais les toutous-bibliothécaires s’ennuient cet été avec les seuls ogéèmisés dans leurs locaux, on pourra leur conseiller de lire des livres tirés de leur propre fonds comme

  • Antigone de Sophocle [T SOP]
  • Rhinocéros d’Eugène Ionesco [T ION]
  • Eichmann à Jerusalem de Hannah Arendt [940.531 8 ARE]

Ah oui, en France, l’Eichmann de Vichy, Maurice Papon, lui aussi pleurnichait que ce n’était pas sa faute et qu’il avait suivi les ordres. On l’a poursuivi des années après, les gens ont la mémoire rancunière. Et il y a pire que le regard des gens : la honte de voir le visage de la lâcheté et de la petitesse dans un miroir…

Photo d’entête : « Graffiti Le Gabut, La Rochelle » par thierry llansades

  1. Une simple reprise des directives froides et sans aucune excuse.
  2. Ce en quoi le fonctionnaire n’est pas très malin, car il devrait savoir que la machine sera toujours là pour le broyer et se défausser sur lui, qui est le plus proche du public, pendant que lui s’offrira la fuite ou l’impunité.
  3. Rajouter des ‘h’ muets et baver de suffisance en prononçant le mot…
  4. Pas la bête immonde et encore féconde qu’ils pourfendent héroïquement, mais cette bande d’idiots qu’est le contribuable !
  5. Ce en quoi ils perdent néanmoins devant les professeurs, avec gradation du primaire à l’université, en la matière, dont la faillite morale est encore plus grande depuis 2020.
  6. Qualité souvent dépendante de la quantité de croquettes dans leur gamelle, étonnamment ; qualité qui, à Colmar, ne les empêche pas de fermer à 17h le samedi, par exemple, quand les gens ont le temps de venir.
  7. On est tous résistants à Hitler, une fois qu’on est sûr qu’il est mort, en 1946. Alors au XXIème siècle, on a eu le temps de peaufiner sa résistance au nazisme, n’est-ce pas ? Des professionnels de l’antinazisme !
  8. Pardon, Dom Juan pour te comparer à un petit serviteur lâche et sans panache d’une mafia internationale. Les bibliothécaires qui lisent (mettons, que ça existe encore), pourrons consulter à profit Réflexions sur « Dom Juan » de Molière de Jean-Marie Teyssier [N 76131] dans les cartons de la bibliothèque des Dominicains, que nous ne pouvons consulter depuis des mois !)
  9. Sur la base d’élucubrations mensongères et pseudo-sanitaires qui testent la docilité face aux thérapies géniques et à l’omnicontrôle à la chinoise, et non plus sur la race ou la classe.

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